Gourlizon Sports

Le plus bel exemple du football amateur

Football. District for Ever. Gourlizon Sports (D1).
 
La trajectoire de Gourlizon Sports trouve incontestablement son accélérateur de croissance dans les années 80, décennie de toutes les ferveurs avec une génération de joueurs exceptionnels. Un quart de siècle après, l'âme, semence d'un esprit, a germé dans le sol de Bel Air. Le football y est adoré, presque vénéré. Les hommes changent mais le discours ne varie pas d'un iota. La preuve qu'il avait été parfaitement pensé au départ. Relais d'un état d'esprit, les passages de témoin se préparent et se font naturellement. Portrait d'un club où la gentillesse et la disponibilité sont des valeurs nobles.

A Gourlizon, les " jeunes " ont l'humilité et le savoir-vivre de ne pas se mettre en avant, respectant ainsi le travail de plusieurs décennies des aînés. Pour bâtir dans la durée, il faut des êtres humains dévoués, concernés et besogneux. Pour sortir de l'ordinaire d'un quotidien sportif, un club doit nécessairement être lié avec des êtres exceptionnels, qui pensent, anticipent et conçoit les projets, avant les autres. Le décollage de Gourlizon Sports, au début des années 70, doit beaucoup à trois visionnaires, qui ont associé leur temps et leur idée pour faire grandir le club sportivement. René Flochlay, Jean Joncour et Louis Le Guillou sont le pilote et les co-pilotes de cet "Airbus 880", représentant peu ou prou le nombre d'habitants dans la commune.

Première héros de cet album, René Flochlay, 80 printemps, dont la mémoire semble défier le temps. Toujours le premier supporter de ces "rouge et noir", l'entraîneur de la grande époque arrive aux commandes d'un club, auréolé d'une victoire en coupe de l'Ouest, décrochée en 1968 avec l'AS Rosporden face au SO Maine (1-0), à la saison 1971/1972 jusqu'en 1987/1988. Le Stade Quimpérois avait eu Edmond Lemaître (1959-1971) pour façonner des générations de footballeurs. Gourlizon Sports connaîtra à son tour son apogée avec ce maître des terrains. " Nous avons toujours été conscients de la démesure de se confronter à des équipes comme la Stella Maris Douarneniste, UCK Vannes, La Montagnarde, l'US Quimperlé, Lanester ou Pont l'Abbé. Avec le recul, je me dis que j'ai été fou de me lancer dans une pareille aventure. J'en avais parfois plein la tête avec mon travail de responsable à l'hôpital Laënnec associé aux matchs et aux entraînements. On était pris dans une folie, chaque dimanche. Je passais parfois des coups de fils chez les voisins pour avertir les joueurs ou la presse de la composition d'équipe. On a été gagné par une euphorie collective. Tous les ans, nous sommes montés d'une division. Ca a commencé de la D3 à la DSR".  
La montée en DSR face au FC Lampaul, le 18 avril 1982

La filiation avec Edmond Lemaître est remarquable, jusque dans ses détails. Les méthodes d'entraînements sont pointus et sortent de l'ordinaire. " Quand je suis arrivé à Gourlizon, il n'y avait qu'un ballon aux entraînements. C'était le ballon communal (rires). Le sport apporte énormément de choses. Il façonne un caractère en apportant des joies indescriptibles. C'est la meilleure école de la vie. Mais il est fait de sacrifice. Je remercie ma femme, Marie-Anne. Ma passion était trop forte, le foot était dans notre contrat de mariage. Je retiens l'extrême gentillesse des joueurs. C'étaient vraiment des gens formidables humainement. Et sportivement, nous avions de sacrés joueurs, qui respectaient le cadre du club et son état d'esprit, basé sur du pur bénévolat. On aimait le football mais on ne pouvait concevoir de monnayer la performance sportive. Je donnais souvent la responsabilité à deux joueurs de l'effectif de prendre à tour de rôle la séance du vendredi".

Le 18 avril 1982, Gourlizon est en ébulition. Le FC Lampaul, battu 2-0, donne l'accession en DSR. Sur l'euphorie de la montée, la bande des Luc Flochlay, Jean-Pierre Flochlay des frères Le Berre Guy et Jean-Yves, Thierry Seznec, Lomig Cavarlé, Bertrand Leziard bouscule la hiérarchie, se permettant même un match à trois pour la montée en DH avec Cleder et l'US Pont L'Abbé. La montée ratée au goal-average face aux Bigoudens est un sacré moment de l'histoire du club.

Second grand bonhomme, Jean Joncour, l'inamovible secrétaire du club depuis 1969. Quarante-trois années de présence, des générations de joueurs qui ont ramené sa feuille de licences ou son certificat médical, et cette même passion pour le football. " Je suis un passionné de sports. Certains ont besoin d'une religion. La mienne, c'est le football. Dans la vie, il faut se chercher une passion. J'ai grandi, vécu et construit sur Gourlizon. Je vais sur mes 73 ans. Ca me trotte dans la tête de passer la main. Mais pour réussir un passage de relais, il faut accompagner la personne. Gourlizon, c'est une affaire de copains qui ont monté le club, à un niveau démesuré par rapport à la taille de notre commune. Il y'avait le noyau dur avec Luc Flochlay, Jean-Pierre Flochlay, Jean-Yves Le Berre , Ronan Gueguen et Thierry Seznec. Des joueurs comme François Fichon (ASEA/Guivinec), les Plomelinois, Lomig Cavarlé ou Patrick Larnicol, Gilles Seznec (Plonéis) ou le gardien Bertrand Léziard, qui travaillait à l'hôpital avec René Flochlay. Le club évolue désormais en D1. On méritait de monter l'an dernier et retrouver le niveau ligue. Les jeunes d'aujourd'hui ont changé. Il y'a moins l'envie de se faire mal, ils ont moins le goût de l'effort. Aux jeux vidéos, ils sont des experts, cependant (rires). Pour être bon au football, ça ne s'improvise pas. Il faut une rigueur et un travail. Si on n'apprend pas ses tables à l'école, on ne saura pas compter. Au football, c'est pareil, la maîtrise du ballon demande un effort". 
L'esprit de partage

Le triumvirat est complété par Louis Le Guillou, celui qui amènera le tremplin de la durée d'une présence en ligue, avec la création de l'école de football en 1977. " On démarrait de rien, avec un ballon pour encadrer six ou sept jeunes. A l'époque, un nouveau quartier de lotissement a vu le jour. Tous les enfants comme Jean-Marc Pliquet, Philippe Joncour ou Denis Le Berre sont passés par la case de l'école de football. Elle nous garantissait de former nos propres jeunes et les amener jusqu'au niveau senior. Nous avons aussi amorcé un virage important en 1986 avec le Mondial Pupilles de Plomelin. Nous avons de suite crû au projet. Nous n'étions pas prioritaire par rapport à Pont L'Abbé. Quand ils se sont désistés, nous avons réussi à convaincre Plonéis, Guengat et Plogastel de se lancer dans l'aventure. Nos jeunes sont maintenant en groupement de Plonéis et Guengat. Il y' a deux ans maintenant, aucun jeune ne venait de Gourlizon dans la sélection GPGP".

La coupe de France a également marqué le sceau d'une aventure humaine et sportive. Le 6ème tour face à l'US Montagnarde (D3), le 29 novembre 1987 et la défaite 2-1 à Bel Air qui laissera de gros regrets aux joueurs de René Flochlay et un 7ème tour, le dimanche 20 janvier 1991, face à Châteaubriant. 1184 entrées payantes, 1500 personnes avec les enfants, qui battront à l'unisson mais les "rouge et noir" n'avaient pas leur visage habituel et seront battus 2-0. Cette magie de l'instant a placé le nom de Gourlizon en Bretagne. " Nous avons joué trois fois à Gourlizon en DSR. J'en garde un merveilleux souvenir. Un club vraiment bien! Nous avons toujours été bien reçus là-bas" résumait un ancien président de football Morbihanais.

La nouvelle génération en 2012/2013 sont les héritiers de cette histoire. A leur tour, ils doivent transmettre les valeurs apprises aux plus jeunes. Gardien de but, depuis ses 16 ans, Olivier Derrien est toujours à 40 ans le gardien de l'équipe. L'homme de Plonéis n'a jamais quitté le club de son coeur. " J'ai joué en équipe C, B et A. La force de ce club réside dans une qualité dans les dirigeants, l'encadrement des équipes. L'humain tient une place importante. C'est à mon tour maintenant d'inculquer aux jeunes l'esprit de compétition. Les jeunes avaient du mal à comprendre l'importance de gagner un jeu, même à l'entraînement. En coupe, il y'a une telle histoire. Nous savons comment aborder cet événement. A chaque fois, on sait que l'exploit est possible comme cette année, face à Quimper Kerfeunteun FC (DH, défaite 1-3 ap, en coupe de Bretagne). Ayant vécu la folle aventure de la fin des années 80 et début 90, Denis Le Berre parle d'un partage collectif. " Gourlizon, c'est un état d'esprit. Nous sommes fiers qu'ils se perdurent à travers les générations. C'est ancré dans la culture du club. Il y'a un partage collectif où chaque individu est important dans notre structure".  
Une importance donnée à l'arbitrage

Co-président du club, Jean-Marc Pliquet tient un rôle important. Joueur en DSR, à la fin des années 80 et début 90, il fut le plus souvent pris par ses occupations professionnelles, le dimanche. " Mon attachement à Gourlizon est très fort. Mes parents habitaient à 100 mètres du stade. Je ne pouvais pas passer sans la case du football. Je conduisais les cars et je partais parfois dans toute l'Europe, à l'époque. C'est impossible pour moi de ne pas me tenir au courant du score de l'équipe, le dimanche. C'était plus fort que moi. Même à l'étranger, j'appelais au stade". Responsable du sponsoring, sa passion pour le football et le club est suffisamment communicative pour attirer des partenaires économiques, soutien du développement du club. Là encore, la sélection indicible est faite autour des valeurs du club. Gérant de la marque Hello, spécialisée dans la couverture et le bardage, Marc Grannec est partenaire annonceur depuis trois ans. " Je suis venu à devenir partenaire de Gourlizon Sports par mon amitié avec Jean-Marc. Communiquer sur un support local est important. Par notre contribution, nous aidons le club dans les déplacements des jeunes, l'achat du matériel. Pour nous, ces valeurs sont importantes. Je suis convié une fois par an au pot de l'amitié. C'est un moment extrêmement convivial. On ressent une super ambiance quand on découvre ce club de l'intérieur".

L'autre co-président se nomme Jean-Yves Le Berre, chantre de la politique de l'arbitrage au club. Avec quatre arbitres, le club de Gourlizon est particulièrement bien dôté par rapport à son niveau de compétition. " En 2000, nous n'en avions plus aucun. Il nous en fallait deux pour être dans les règles. Avec Jean Cariou, joueur de la C, nous avons pris le sifflet. Un jeune comme Loïc Flochlay est à 25 ans, arbitre assistant en CFA/CFA 2. Franck Pliquet, Christian Loussouarn, Joël Monot sont nos autres arbitres. Nous mettons en avant cette fonction indispensable au jeu. C'est l'image du club. Nous avons instauré cette année que les joueurs, pris pour des contestations ou des manifestations de colère envers le corps sanctionné, paient l'amende de leurs cartons reçus. Pierre Danion, ancien arbitre, supervise maintenant les autres arbitres. Pour que le foot perdure, ça passe par un respect des arbitres".

Avec 115 licenciés, Gourlizon Sport est désormais troisième de son groupe en D1 pour l'équipe première, après avoir remporté en 2012 la coupe de conseil général sur le FC Pont L'Abbé B (4-3). Jean-Pierre Le Bihan, Ronan Chatelic, Marc Gourret, Rafaële Pliquet, seule femme dans le bureau du club, Michel Cornic, responsable de l'école de football, il y'en a encore forcément beaucoup à mériter de recevoir ce coup de projecteur pour leur travail inlassable pour le bien d'un club. Le témoin sportif est maintenant entre les mains des Jérôme Le Breton, Titouan Flochlay, Carl Calvez... Ce club figure en haute place parmi les dépositaires de cet esprit du football amateur. Pourfendeur des dérives de l'étage supérieur, Gourlizon Sport n'a jamais voulu céder à une quelconque pression de l'extérieur et a toujours respecté une règle de conduite simple, établie et transmise entre les générations.  

 

LE DEFI NEWSOUEST

 

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