Treffiagat Guilvinec Football Club

Désabusés mais pas résignés

 
Football. Treffiagat Léchiagat Guilvinec, 9ème en D1, poule A (TGV) 
Vendredi 21 mars. " On va s'en sortir", cette phrase répétée à maintes reprises est un miroir à l'acharnement et la volonté du club Tégéviste. Mis à vif par la débâcle de Pluguffan (2-0), les interrogations des dirigeants sont nombreuses et portent sur l'incapacité des joueurs à montrer un visage compétiteur dans ces matchs couperets. Le constat a été fait. Il est clair, avec à la clé une remise en question totale, dès les catégories jeunes, à partir des U11, recentrée progressivement sur le goût de la victoire collective et l'aptitude à l'effort.

Le football français, à sa base, n'a-il pas été trop permissif dans les directives éducatives, sur ces dernières années? Le football loisir dans les jeunes catégories, qui a allégé les charges d'entraînements physiques pour le jeu, et rendu la victoire ou la défaite comme secondaire par rapport au simple fait de se retrouver autour d'un ballon. A travers cet exemple se pose la question du goût de l'effort et du travail pour une jeunesse bien souvent en mal de repères. Le travail est une symbolique de la réussite et un repère qui sert de base à une pyramide d'achèvement. Si cette valeur est bafouée à l'enfance et l'adolescence, il est normal de voir des dérives à l'âge d'entrer dans la vie d'adulte. Le club du TGV en fait également part avec l'exemple de sa génération senior, qui pense peut-être trop à recevoir avant de donner.

" Nous avons perdu l'esprit de compétition. Les joueurs doivent prendre leur responsabilité. Ils ont huit matchs pour tout donner. Les mentalités ont changé. On ne ressent plus d'amour-propre, plus d'attache pour le maillot d'une commune. Nous avons tous été joueur en ligue, au bureau. Ca nous fait mal quand un jeune nous affirme être indifférent à l'idée de jouer en A,B,C. Quel intérêt de marquer 5 buts en D4, d'avoir 40 "j'aime" en retour sur ta page facebook si tu as le niveau pour faire beaucoup mieux", assurent les dirigeants du TGV.

Club phare dans le pays Bigouden, le TGV, issu de la fusion en 1994/1995 du COLT (Club Olympique de Treffiagat Guilvinec) et de l'US Guilvinec, a toujours évolué en ligue, jusqu'en DSR avec l'époque dorée de Jean-Pierre Bosser, Denis Stéphan, Reynald Pellen ou Franck Morel. Dans un pays où le ballon rond est un objet de dévotion, cette descente en district est forcément vécue avec amertume. Neuvième en D1, à deux points d'une relégation sportive, le TGV est à une croisée des chemins, toujours embué dans ce choc de résonance de la perte de 18 éléments à l'intersaison 2010/2011. " Nous n'avions pas vu le coup venir. Ca nous a fait très mal. Nous avons perdu des joueurs comme Julien Lucas, Tony Félici, Thomas Jolivet, Benoît Calvez, Kévin Le Corre. Il nous manque ces joueurs cadres entre 25 et 30 ans, qui auraient dû être nos leaders dans les vestiaires et sur le terrain. On ne s'en relève pas. Nous aimerions qu'ils reviennent mais nous devons faire avec aujourd'hui. Je pense très sincèrement que nous avons touché le fond à Pluguffan. Nous ne pouvons pas descendre plus bas".

" La compétition, c'est sérieux"

En faisant un tour des clubs, la capacité de mobiliser les 30-50 ans dans les bureaux des clubs est un exercice délicat au sein d'une génération qui a donné tant de week-end au football et qui aspire à faire une pause pour passer plus de temps avec leurs proches. Le TGV est un contre-exemple car sa force vient des dirigeants qui éprouvent un amour viscéral pour ce club. " Nous ne laisserons jamais tomber ce club. Ca fait partie de notre vie. Nicolas Scuiller, Greg Pennarun, Hervé Péoc'h, Olivier L'Helgouarc'h, Eric Le Corre, nous enfilons chaque week-end à plus de 33 ans le maillot du TGV. Nous avons une approche différente des jeunes. La compétition, c'est sérieux. Et elle se cultive à l'entraînement. Nous avions proposé un footing, le dimanche en janvier sur la plage, un dimanche matin. Nous étions 12 dont seulement deux jeunes de moins de 25 ans. Ils nous disent que ça fait 4 ans qu'il n'y a aucune cohésion dans ce club. A un moment, nous disons stop. La critique est facile. Nous ne retenons personne au club. Tout ce qu'on leur demande est d'afficher un esprit de compétition, le dimanche, et s'arracher pendant 90 minutes, sur le terrain pour le groupe".

Retrouver des valeurs maisons d'attachement et de passion pour défendre le maillot club, à l'image d'un David Stéphan, 24 ans, qui a joué un 3ème tour de coupe de France, le jour même de son départ en Australie, le club Tégéviste s'est donné une ligne de conduite, dans l'espoir de faire maintenir ces deux équipes en D1 et D2, et faire remonter la C en D3. Ces huit matchs servent de prémisses à une prise de conscience et à sortir d'un état léthargique les jeunes joueurs. " S'il nous faut redescendre, nous le ferons. Nous repartons de zéro. Il ne faut pas avoir honte de le dire. Nous avons une superbe école de football, une équipe propre dans chaque catégorie jeune. Aucun club aujourd'hui ne peut vivre de sa formation de jeunes. Nous voulons casser ce cercle d'individualisme dans un sport collectif. On gagne ou perd ensemble. Nous devons amener nos jeunes mentalement et psychologiquement à être prêt à jouer en senior. C'est un vrai travail de fond, qui passe par le respect des éducateurs, des anciens, des membres qui ont fait la richesse de ce club. Nous avons des valeurs fortes. La société a évolué. Nous devons le prendre en compte mais nous voulons remettre en avant progressivement le goût de gagner et de l'effort qui sont liés".

Christophe Marchand 
Les dirigeants du TGV, Olivier Guirriec, Nicolas Bodéré, les co-présidents, Jacques Gadonnay, Grégory Bechennec, Nicolas Scuiller, les coachs de la A, Yvan Le Bec, Nicolas Guirriec, ceux de la B et C veulent redonner un nouveau souffle au club, sur ses valeurs propres en (re)mettant le côté compétition et le dépassement collectif au nom d'un club, qui a un passé riche et doré. 

 

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