Série n°10. Le FC Quimperlé en 32ème finale

 

La marelle de la vie

Série n°10. Le FC Quimperlé en 32ème finale de la coupe de France (5/5)  
Lundi 30 décembre. Existe-il un déterminisme à la naissance? Nos passions d'enfant peuvent-elles influencer une vie d'adulte? Est-on marqué par un héritage familial qui guide nos choix? Au FC Quimperlé, deux syllabes suffisent à marquer un repère immédiat au stade Jean-Charter. La troisième est bien souvent gardé pour l'état civil. Prononcer Gwéna à Quimperlé est la certitude d'être compris instantanément, par une multitude de personnes, qui s'intéressent de près à l'actualité sportive. Ayant pris sa première licence, à l'âge de huit ans au FC Quimperlé, Gwénaël Pothier, 46 ans, a grandi, avec ce club, jusqu'à exercer depuis 10 ans, la plus haute responsabilité au poste de président.

Employer le mot marelle me semble être un choix intelligent sur la destinée de Gwéna Pothier, au FC Quimperlé. Ce jeu d'enfant des cours primaires, est un bon résumé d'une vie personnelle, professionnelle ou associative, qui se veut être un avancement case par case, fonction après fonction. Fondé en 1968, soit un an après la naissance de Gwénaël Pothier, à Quimperlé, ce club a toujours suivi en parallèle le destin familial. Son oncle a été un des grands dirigeants, au club. Ancré au FC Quimperlé, Gwéna a connu sept vies, à l'intérieur du club. Sept parcours, tel un lion qui bondit de case en case, par passion et par dévouement pour son club de toujours, le FCQ.

Jouer à l'école de football, en jeune, en senior C, arbitre pendant 15 ans, trésorier durant un septennat puis président depuis une décade, l'homme a gravi la pyramide associative de la base à son sommet. Il connaît tous les rouages, sait prendre de la hauteur pour amorcer un virage, établir un recul nécessaire pour analyser une situation de fonds. Peu de personnes dans la vie active sont capables de se focaliser sur la grande vague au milieu de vaguelettes, sans importance, mais qui prennent pour beaucoup, une affaire gigantesque en temps et en énergie.

L'homme, à moitié Breton par son père et Basque, par sa mère est franc, attachant, pudique, généreux, ouvert sur les autres, sincère et dévoué. Il ne se dévoilera que par instance, des bribes qui sont autant d'indices d'une bonne relation commune avec son ou ses interlocuteur(s) direct(s). Sans doute, sa qualité première est d'être à l'écoute de l'autre. Aujourd'hui, certains ne s'aperçoivent même pas qu'ils sont dans un monologue gestuel et verbal continu, laissant l'autre dans son naufrage de pensée. Or, Gwénaël Pothier perçoit de suite ses sensations-là en écourtant ses premières réponses, pour instaurer un dialogue de confiance. C'est une vraie marque d'intelligence, en plus d'être une autre de grande estime pour l'autre. Après une heure et demie, on se demande même comment on résisterait à une avalanche de coup de fils au quotidien? Le téléphone n'arrêta pas de sonner, mais il préférait donner de l'importance au dialogue visuel et non auditif.

" La journée des débutants est un pur bonheur ! "

Son énergie est débordante. Il s'investit avec passion, pour faire avancer son club de coeur, le FC Quimperlé. Il met presque les autres plus en avant que lui-même, toujours par pudeur, loyauté et franchise. Joseph " Zeff" Dahou, Jo Forner, à la buvette, Jean-Pierre Daniel, Jo Guillou, Daniel Le Moigne, André Julloux, Francis Le Roch, inusable secrétaire du club, à 84 ans, le FC Quimperlé est un puzzle de femmes et hommes qui ont les mêmes valeurs de vie. Quelque soit le titre changeant saison par saison, les pièces nominatives, joueurs, encadrants ou dirigeants, celui-ci s'emboîte à la perfection car l'esprit est une donnée non négociable de ce package bigarré, colorée et passionnel.

" Même si je me grise de l'instant, je dois toujours avoir du recul car un club est fait de cycles montants ou descendants. Nous faisons au mieux, en étant à fond, tout le temps. Nous avons des bénévoles indispensables, essentiels, à la vie d'un club. Tout le monde est focalisé sur l'équipe 1ère, qui est notre vitrine. Mais je suis autant concerné par la B, qui souffre en DSR, tout comme mes U15 en PH, qui ne sont pas bien en PH. Le club est un orchestre de solidarité interne. Chaque membre de l'école de football au capitaine de la première présente une importance. On veut qu'il se sente le plus à l'aise possible au FCQ. Notre journée des débutants, lancée en 2009/2010, est aujourd'hui le plus gros rassemblement pour le football, à cet âge-là dans le Sud-Finistère. Ce jour-là est un moment de pur bonheur!".

En parlant des petits de l'école de football et des jeunes au club, il n'oublie jamais de se revoir à leur âge. Viscéralement attaché au football et à son côté populaire, il en gardait une lutte incessante de progression personnelle, à travers un collectif. " J'ai toujours été attiré par ce sport. J'ai trouvé un équilibre. Quand j'étais jeune, je ne ratais jamais un entraînement. Ca aurait vécu comme un drame intérieur. J'avoue que j'ai du mal à entendre que certains jeunes estiment que c'est une corvée d'aller à l'entraînement. Ca me blesse, même pour l'éducateur qui a préparé sa séance. Je trouvais ça génial, un entraînement! Ca te libèrait, tu oubliais tous les soucis de ta journée, à l'école ou au travail grâce à l'effort physique. Je n'ai jamais été un joueur de bon niveau. On va dire que j'étais un haut joueur de district avec la C, un pur gaucher".

Quimperlé, une vraie ville sportive

L'envie de servir le club, et de grandir avec lui est très prégnant dans sa carrière d'arbitre du district, quinze ans à écumer les pelouses du département, qui l'ont changé à jamais. " L'arbitrage est une grande famille où l'épanouissement y est grand, en cas de persévérance. J'ai arbitré 15 ans pour le club, en haut niveau district. Ca m'a apporté une confiance, savoir mener un match pour que tout se passe bien sur le terrain. J'en ai retiré beaucoup de satisfactions et compris beaucoup de choses car le match de football est également un révélateur d'un caractère et de personnalité pour un joueur".

Fan de l'Athletic Bilbao ( un de mes plus grands souvenirs, San Mamès en 1983/1984, un match face au FC Barcelone de Maradona), il présente un caractère solide, qui est doublement affirmé par des origines bretonnes et basques. "Je suis quelqu'un de fier, qui a la gniac en permanence. La base dans la vie est la volonté dans la simplicité et l'humilité des rapports au quotidien. Il faut être fier de ses idées et les défendre quand elles sont menacées, voir bafouées. J'ai la réputation au club de vouloir tout contrôler. Je n'étais pas comme ça au départ, de la présidence. C'est avec l'expérience, que j'ai déplacé le curseur".

Tirant son énergie des autres, Gwéna Pothier a besoin d'être proche du terrain, de s'imprégner de l'ambiance. Face à Ajaccio, il se prépare à être débordé de sollicitations logistiques, médiatiques, protocolaires... Il veut juste une chose, être avec les joueurs pour vivre en commun ce moment unique. " Je les laisserais rentrer dans leur match mais je serais avec eux 1h30 avant le match. Après, cette rencontre sera à eux! Ca sera leur moment de concentration intérieure. Quimperlé a la réputation de ne pas être une ville de sport. C'est faux à mon sens. Il y'a vraiment un gros potentiel, dans le sport à Quimperlé. Pas seulement dans le football, mes collègues présidents au basket, au handball, au badminton, au tennis sont des personnes admirables. Nous ne demandions rien, juste à être aidé dans nos démarches en faveur de la jeunesse. Par exemple, sur Quimperlé, nos petits de l'école de football ne peuvent même pas jouer au football, bien souvent, faute d'un terrain en bon état, du 1er décembre au 1er février. Je le vis comme un drame ajouté à une colère intérieure".

Passionné, obstiné, sincère, dans une simplicité et une humilité jamais prises à défaut, telle est la marque de fabrique de Gwéna Pothier au FC Quimperlé. Tous ses proches lui sont reconnaissants de s'investir autant, dans un but désintéressé. Par amour pour les gens, par amour pour un club, par amour pour une ville.

Christophe Marchand  
Au côté du président de Vignoc, Pierrick Jan, Gwénaël Pothier a grandi avec le club du FC Quimperlé. Président depuis 2002/2003, il attaque sa 10ème année d'exercice, couronnée par une qualification historique pour les 32ème finale de la coupe de France.  

 

 

Eux, c'est leur métier, nous, c'est notre passion

Série n°10. Le FC Quimperlé en 32ème finale de la coupe de France (4/5)  
Dimanche 29 décembre. " Des hommes, pas des extraterrestres", le capitaine du FC Quimperlé, Yann Le Borgne, résume en ses termes, l'affrontement historique face à l'AC Ajaccio, en 32ème finale de la coupe de France. Leader sur le terrain, il se veut le guide d'une défense imperméable. Expulsé face à l'US Montagnarde au 7ème tour (86'), sorti sur blessure, à la 18' à Vignoc, au 8ème tour, il fait tout pour être à 100% de ses moyens face aux Corses. Si le FC Quimperlé veut faire un résultat face aux professionnels de ligue 1, l'équipe aura besoin d'un grand Yann Le Borgne, en pleine forme, pour aimanter à lui les ballons par son intelligence de jeu et la science de son placement.

Dans tout milieu, il y'a des amateurs qui se conduisent comme des professionnels. L'inverse est également vrai. La première place du FC Quimperlé en DSE et la qualification en 32ème finale de la coupe de France ne tiennent pas au hasard. Il faut une part de chance mais sur la durée, ce mot est remplacé par le travail. Pour obtenir ce résultat d'ensemble, il est nécessaire de présenter ce subtil mélange de joueurs talentueux, intelligents, passionnés, et professionnels dans leur approche de la compétition. Cela n'empêche pas la fête et les écarts de vie nécessaire mais ils ne doivent jamais se faire au détriment du groupe.

Dans un précédent article, un rapprochement avait été fait entre le back four du FC Arsenal, au début de l'ère d'Arsène Wenger avec celui du FC Quimperlé. Ligne de quatre, infranchissable pour l'adversaire, dont le leader technique et mental était l'Anglais Tony Adams. Yann Le Borgne présente beaucoup de similitudes, dans son jeu, avec le Britannique. Même sobriété, même science du placement, même acharnement dans les duels, avec une propension à toujours rester debout dans le duel, même relais recherché avec l'entraîneur. Durant toutes ses années, au club Londonien, le plus grand regret du coach Alsacien, Arsène Wenger, était d'avoir eu Tony Adams, sous ces ordres, quand celui-ci avait déjà 30 ans.

"Ne jamais être dans la critique"

La collaboration entre Yann Le Borgne et Eric Gaillard a également commencé à cet âge de raison pour un joueur de champ. Formateur pendant, six ans, sur les jeunes U19 de l'US Montagnarde, Yann Le Borgne présente une vision globale de l'environnement. Son avis est précieux et recherché car il est porteur de sens, d'un vécu et d'une expérience, qui traduisent une connaissance de ces moments-là. Un des seuls joueurs du FC Quimperlé, qui a déjà joué un 32ème finale de la coupe de France avec l'US Montagnarde et un 16ème, en 2004/2005, au stade Louis Dugaguuez contre le Sedan (L2, 4-0).

" Pour être à mon top, j'ai besoin d'entrer dans une bulle, avant un match. Je ne suis pas un joueur communicatif dans les vestiaires. Je laisse plus ce rôle à Jean-Pierre (Le Callet) ou à Gurvan (Pemptroad). Je me veux davantage être un leader sur le terrain. J'ai vu et entendu trop de personnes critiquer autour de moi, que je m'exclus d'entrer dans ce rôle. Je ne serais jamais dans la critique. Un capitaine est plus là pour faire progresser les autres de son vécu. Je suis très attentif aux détails. Le joueur, qui va rater trois ou quatre fois le même geste. C'est là qu'il faut intervenir pour le rassurer. Un joueur peut être pris dans un moment de doute individuel. Il faut lui faire comprendre que le collectif lui fera passer ce cap naturellement. L'important n'est pas d'échouer, ni de rater, il est de se relever, en gardant en vue le facteur global".

La connaissance de l'autre passe d'abord par une parfaite connaissance de soi. La fameuse maïeutique du philosophe grec de l'antiquité Socrate du "Connais-toi toi même" appliqué à chaque être humain. Yann Le Borgne est arrivé, à 31 ans, à un moment où sa performance sur le terrain est englobé dans le collectif. Ce recul nécessaire, il ne l'avait pas à 20 ans, il l'a maintenant sur le terrain. " J'ai la passion du jeu et du football. Je regarde presque tous les matchs à la télévision. Dans mon rôle de dernier défenseur, je ne peux pas tricher vis-à-vis du groupe. A Vignoc, j'ai ressenti une gêne dès les premières minutes du match. Je pensais pouvoir la résorber en m'étirant mais je n'y suis pas parvenu. Plus jeune, dans un poste différent, j'aurais sans doute continué quitte à empirer la durée de la cicatrisation. Aujourd'hui, je raisonne plus pour l'équipe. Si je ne suis pas à 100%, je préfère laisser la place à quelqu'un qui le sera. Cette maturité est acquise avec l'expérience. C'est pour ça que je me sers, sans reproduire à l'identique, de ce que j'ai vécu à l'US Montagnarde, mon club de coeur".

Morbihannais de Locmiquelic, joueur à l'US Motagnarde pendant plus d'une décennie, arrivé au FC Quimperlé, avec son frère Alan, il a fait le choix de redescendre en niveau, pour privilégier un équilibre familial. " La CFA 2, c'est formidable en niveau. Pour un joueur célibataire sans enfant, c'est même extraodinaire à vivre. Je suis papa de deux enfants, avec Lana, 7 ans et Jorys, 4 ans. Le football, je ne peux pas m'en passer. Depuis mes 6 ans, je consacre mes week-end à ce sport. Ma compagne, Maëlle, aime également le football. Elle était une ultra du FC Lorient (rires). Par rapport à ma vie de famille, j'ai fait ce choix, à 28 ans, de redescendre de niveau pour me limiter dans les déplacements. J'arrivais aussi à un âge où j'avais besoin de me stabiliser professionnellement. Trois ans après, je me sens parfaitement épanoui. J'ai plus que jamais le plaisir du jeu. Cette atmosphère unique de se retrouver avec les copains pour jouer un match, de partager son bonheur avec les autres, c'est un moment privilégié de ma semaine".

Un futur très bon entraîneur

Arrivé au FC Quimperlé, en 2010/2011, avec son frère Alan et Sébastien Morvant, un ancien partenaire à l'US Montagnarde, Yann Le Borgne a été ballotté à tous les postes de la défense, avec de se fixer dans l'axe et être nommé capitaine l'an passé, avec Magueye Sow. " Presque personne ne me connaissait à mon arrivée à Quimperlé. Il fallait que je gagne ma place de titulaire, à chaque match. Tant que les jambes vont bien, je jouerais au football. J'en ai trop besoin. Je retrouve au FC Quimperlé, l'esprit qui avait la force de l'US Montagnarde: des gens simples, hyper-solidaires entre eux. Tout le monde se connait et il y'a ce rapport particulier avec les supporters, qui fait qu'on s'arrache pour ces gens-là. Je vois ce match face à l'AC Ajaccio comme un plaisir. Eux, c'est leur métier, nous, c'est notre passion! Il ne faut pas s'arcquebouter en défense au risque de prendre un but à un moment du match. Il faut jouer notre jeu. Simplement et sans se prendre la tête!"

Soucieux du détail qui fait gagner, Yann Le Borgne fera certainement un très bon entraîneur, dans le futur. En attendant, il vit à fond ce moment rare et précieux dans une vie de footballeur amateur. Il met toutes les chances de son côté pour sortir le grand match face à l'AC Ajaccio, quitte à entrer dans une bulle, plus vite que les autres, toujours dans le but de garder un influx élevé pour le match du 5 janvier. " Je ressentais la nécessité de couper, de m'immerger dans ma rencontre. J'ai pris deux semaines de congés dans mon travail pour ce match. Comme j'ai un métier public, je côtoie beaucoup de personnes au quotidien. Et beaucoup de sportifs, qui me parlent de ce match. Si j'y pense trop, je risque de passer à côté, j'ai pris la décision de rester en famille et avec le groupe du FC Quimperlé pour être fin prêt à jouer ce match de rêve, le 5 janvier 2014".

Très à l'aise dans ce nouveau rôle de capitaine, épanoui dans son costume, il est un joueur, qui se connait parfaitement. Pour un entraîneur, il est un des premiers inscrits sur la feuille de match. Face à l'AC Ajaccio, pour appréhender cet événement, le FC Quimperlé saura trouver en Yann Le Borgne, un relais juste et apprécié pour se nourrir de son expérience et de son recul de ces moments-là. On est persuadé de sa grande importance pour que l'équipe réussisse un gros match face aux Corses. Ca passe par la présence de son capitaine, qui rassure et assure dans l'axe de la défense, et aiguille ses partenaires, vers l'attitude précise à avoir dans de telles circonstances.

Christophe Marchand  
Au coeur de la défense, Yann Le Borgne est le capitaine de cette équipe du FC Quimperlé, qualifié pour les 32ème finale de la coupe de France.  

 

 

Chapeau Gaillard

Série n°10. Le FC Quimperlé en 32ème finale de la coupe de France (3/5)  
Samedi 28 décembre. La forteresse médiévale de Château-Gaillard (Eure), ordonnancée par le roi Anglais Richard Coeur de Lion, s'est construite en deux ans, de 1196 à 1198. Celle de Chapeau Gaillard, à Quimperlé, se consolide depuis un semestre, sur les bords de la Laïta, avec un back-four interchangeable en défense, et un pont-levis ré-ajustable en milieu et en attaque. L'ennemi est brisé! L'adversaire, repu à satiété, verse alors en lambeaux sous la fougue d'une marée orange, qui déferle en vague constante sur le porteur de balle. Le coach Eric Gaillard est l'architecte de cette forteresse solide et modulable, qui fait d'une part de rigueur et de création, un oxymore puissant et universel.

Prendre la succession d'un monsieur du football, comme Magueye Sow n'est pas à la portée du premier venu. La pente est glissante et savonneuse, comme une huile ébouillantée jetée en haut d'un machicoulis. Eric Gaillard, 40 ans, fait du football, depuis son enfance, un objet de dévotion, de sacrement, qui le fait vibrer des matines aux vêpres. Originaire de Plérin dans les Côtes d'Armor, il est taillé dans le granit d'une réflexion constante, autour du ballon rond. Pour ceux qui ont la chance de le connaître, il vit pour le football, respirant et inhalant des bouffées de réalisations collectives. Les gens qui sont épanouis dans leur vie quotidienne, sont ceux à-même de partager leurs émotions, leur conception de vie et leur bonheur.

Un entraîneur est un formateur, à sa base. Quelqu'un qui vous guide, qui vous fait grandir en tant qu'individu, et qui vous donne sans arrêt! Eric Gaillard ajoute une palette de couleurs, à sa vie d'entraîneur. Il a besoin d'être proche de ses joueurs, pour mieux les protéger, et les entourer comme une seconde famille tournée vers un même but humain et sportif. " Je vis le football intensément. Pour moi, être entraîneur est un moyen de prolonger le joueur que je ne suis plus. J'adore cette fonction car tu as le moyen d'essayer de tout maîtriser. Je ressens le besoin de partager chaque moment avec mes joueurs. Au bout de six mois, le FC Quimperlé est devenue ma 2ème famille. Je suis quelqu'un profondément attaché à ces valeurs. Je crois, en fait que je n'ai jamais fait le deuil de joueur. Le jeu et la compétition sont en moi. Je suis né et j'ai grandi avec. Je suis resté un joueur dans l'âme!".

L'épisode Larmor-Plage: " J'étais détruit, au fond du trou"

Eric Gaillard est un coach, dont je suis sûr, un joueur se défonce pour lui sur un terrain. Il respire des valeurs humanistes sur lesquelles notre société déshumanisante, nuée dans une perte de sens, s'est étiolée vers un but productif, mécanique et robotique, toujours plus élevé. L'humanisme était un mouvement de pensée conceptuelle du XVIème siècle qui plaçait l'être humain au-dessus de tout. Dans sa philosophie de vie, Eric Gaillard est un relayeur de ce courant de pensée de la renaissance, qui fait des notions de liberté, de libre-arbitre, de tolérance, d’indépendance, d’ouverture et de curiosité, une norme bien réelle au FC Quimperlé.

De sa base de départ, il a gardé le meilleur, la certitude que l'homme et le joueur ne font qu'un et en à édulcorer une partie, par ses épreuves de vie, laissant une part de sa naïveté sur l'être humain, au bord de la route. " J'étais parti pour rester à vie dans le club de Larmor-Plage. Je suis tombé sur un président formidable, Pierre Diverres, qui m'a demandé, en 2006/2007, de prendre l'équipe 1ère, à 33 ans. Au dernier match, elle se maintient en DRH. Avec un effectif restreint, et des joueurs énormes dans l'état d'esprit, nous montons la première année en DSR, avec un 7ème tour de la coupe de France face à la GSI Pontivy (CFA), à Ploemeur. On rate l'accession de peu, en DSE dans les cinq dernières minutes de la saison, face au FC Quimperlé, qui nous passe devant au nombre de cartons en 2009/2010. L'année suivante, on repart! L'année est hyper-difficile avec des tensions en interne. On tient! Nous sommes 1er. En réserve, nous avions grimpé de la D2 à la DRH, en trois ans", avant de renchérir. " Et à trois semaines de la fin du championnat, je me prends la claque de ma vie avec mes deux ex-présidents. Je ne l'ai pas vu venir. On met fin à mon contrat. J'ai tenu pour monter l'équipe en DSE. On réussit sur le dernier match face à l'AS Plobannalec. Nous sommes montés en DSE. Le club était à la fête. Moi, j'étais dans un coin, détruit, au fond du trou! Je suis quelqu'un qui est dans le sentiment et marche à l'affectif. J'ai perdu tous mes repères de vie d'un coup. C'était plus que brutal. Sur ce quoi je fondais mes raisons de progression personnelle et collective, se sont effondrés. Je suis devenu méfiant, sur tout, même avec mon entourage proche. Si tu n'es pas soutenu, par ta proche famille et tes ami(e)s, à ce moment-là, ça peut aller très vite dans le mauvais sens".

Le wagon de la chance repasse en gare!

L'humain en a pris une sacrée claque. Le FC Lorient, à sa manière, se chargera de lui en remettre une seconde, plus légère, quoique aussi pernicieuse. " Avec ma rupture de contrat à Larmor-Plage, je reçois un coup de fil du FC Lorient, qui me voulait en tant que formateur sur la réserve U15, avec David Bouard en référent. Je suis professeur de sports, et je réduis pour le FC Lorient, mon travail horaire sur un temps partiel sur trois ans. Le contrat était prévu sur trois ans. J'ai fonctionné à la parole. Je n'aurais pas du car au bout de la première année, je n'ai été reconduit. Je sais pourquoi mais je ne souhaite pas m'épancher. Au point de vue humain, le FC Lorient ne m'a pas apporté. Par contre, au plan de vue technique et dans mon apprentissage du football, je suis ressorti plus fort, avec des convictions affirmées de football. J'ai structuré ma pensée. Comme j'avais plus de temps libre, j'ai séquencé pour la première fois, mes séances d'entraînements, sur informatique, avec un logiciel référence. Cette année a vraiment été super sur ce plan-là mais j'en suis sorti vidé, avec ce nouveau coup de massue du contrat non-reconduit", avoue Eric Gaillard.

Le joueur du COB Saint-Brieuc , dix ans en jeunes, de Plaintel, du centre de formation de l'En Avant de Guingamp, à 16 ans, avec la génération des Nicolas Laspalles, et du CEP Lorient avec Michel Calloc'h ("un grand monsieur, où j'ai beaucoup appris tactiquement, dans le travail à vide et la répétition") s'est poussé petit à petit vers le coaching, pour un être viscéralement cramponné à la compétition. " Je fais confiance naturellement aux gens. Ce rôle d'entraîneur est un bon complément de mon métier de professeur de sport. Là, je suis plus dans un apprentissage avec une démarche de performances et de compétition. Après le FC Lorient en 2011/2012, j'avais besoin de couper, de me ressourcer en famille. Mais le football m'a manqué très vite. La compétition, surtout! Je prenais un grand plaisir à suivre les matchs du dimanche, en simple spectateur. Dans un rayon de 20 à 30 km, de mon domicile, à Guidel-Plage, il n'y avait pas beaucoup de clubs, susceptibles de m'intéresser. Le FC Quimperlé était mon premier choix. Je prends contact avec eux en février. Le président, Gwénaël Pothier, me dit que le bureau voulait continuer même en cas de descente en DSE, avec Magueye Sow. Je me suis mis sur d'autres pistes, en élargissant ma zone de recherche. La seule chose, que je ne voulais pas, c'était entraîner une équipe réserve. Je m'étais mis d'accord à 90% avec un club de PH du Morbihan. J'avais même eu un très bon feeling, avec le président de ce club. Tout était fait! Avant un coup de fil du FC Quimperlé, qui me disait que la place était vacante en m'affirmant que j'étais leur premier choix. Je n'ai pas réfléchi longtemps. J'ai sauté sur l'opportunité".

Un mariage de raison et de passion avec le FC Quimperlé

En place, depuis l'intersaison, Eric Gaillard a réussi à surpasser la déception de la relégation en DSE. Leader de son championnat en DSE, et auteur d'une campagne historique en coupe de France, le pari était pourtant loin d'être gagné au départ. " Je suis allé les voir en Avril. De cette équipe, j'ai perdu le gardien, trois des quatre défenseurs, deux milieux de terrains et la paire d'attaquants. Il y'avait toute une équipe à redéfinir. Nous avons passé un temps fou avec André Julloux pour convaincre des joueurs. Nous avions ciblé des joueurs, qui correspondaient à un profil hyper-actif, mobile avec une bonne technique de base. Il fallait qu'ils soient capables de résoudre un problème de jeu, balle au pied ou pas. Nous ne nous sommes pas trompés sur les joueurs, et encore moins sur les hommes".

Le fruit de cette aventure unique a sûrement fait boule de neige sur des joueurs à quai, qui seraient désireux de monter dans ce TGV sportif, au prochain arrêt de gare, à l'intersaison. Eric Gaillard a certes souffert, mais beaucoup appris de ces deux coups de massue reçus. " Tout ce qui ne détruit, rend plus fort", déclamait Friedrich Nietzsche. En être doté d'une forte intelligence, il a certainement tiré les leçons d'une expérience de vie, sur certains traits de caractère de personne. " Je sais le groupe sain. J'ai un groupe de compétiteurs. Ils sont tellement compétiteurs, que s'il y'a des échecs dans notre parcours, ils s'en serviront pour se nourrir de cette sève pour être plus fort par la suite. Je ne referais pas la même erreur qu'avec Larmor-Plage. Des nouveaux joueurs nous rejoindront dans cette aventure. Ils seront à notre image, simple, se donnant à fond, et humbles. Tout entraîneur est de passage dans un club, même si je me sens très bien à Quimperlé. Je trouve les Sud-Finistèriens, plus francs, avec plus d'amour pour leur club, que les Morbihannais. Je me retrouve complètement dans cette mentalité".

Ce mariage de raison et de passion entre Eric Gaillard et le FC Quimperlé a toutes les chances d'aboutir sur un pacte de longue, voir de très longue durée. Après avoir surmonté des caps de fortes avaries, à Larmor-Plage et au FC Lorient, il est un être revanchard, sur ces étapes de parcours. Le regard au loin, vers sa destinée, les obstacles seront de toute façon contournés, toujours dans une même morale et éthique de comportement. Il en retire aujourd'hui sa quintessence et sa force, qui agit par ricochet dans le coeur, les jambes et la tête de ses joueurs.

Christophe Marchand  
A 40 ans, Eric Gaillard, le coach du FC Quimperlé, a mené son groupe à une qualification historique pour les 32ème finale de la coupe de France face à l'Ajaccio (Ligue 1).  

 

 

Et les Moëlanais sont là!

Série n°10. Le FC Quimperlé en 32ème finale de la coupe de France (2/5)  
Vendredi 27 décembre. Buteurs historiques de la qualification pour les 32ème finale de la coupe de France, à Vignoc (0-3, ap), les Moëlanais, Fabien Marceul et Julien Le Gall sont très attachés à leur commune de vie et au club local de l'US Moëlan/Mer (PH). " Nous finirons notre carrière de joueur amateur, dans ce club", glissent-ils au passage. Domicilié toujours à Moëlan/Mer, pour Fabien Marceul, et à Clohars-Carnoët pour Julien Le Gall, ils profitent de chaque moment de cette aventure unique. En tout cas, au Ty-Korn, le bar de la place de l'église, à Moëlan/Mer, leur popularité est manifeste et visible, dès le premier coup d'oeil extérieur.

Le FC Quimperlé n'est pas qu'un club, représentatif d'une ville. Il est aussi emblématique d'un rayon de 15 à 20 kilomètres autour de la ville de la Laïta. Les meilleurs joueurs des environs, comme Cédric Nicolas (aujourd'hui à l'US Concarneau) ou Mathieu Boulben (Mellac Sports), Christophe Lohier (Mende, DH, ex Rédéné) ont voulu appréhender un meilleur niveau de football au FC Quimperlé. Tout comme, nos intrépides Moëlanais, Julien Le Gall et Fabien Marceul, 27 et 29 ans, meilleurs amis sur le terrain et dans la vie. Capable d'aller au bout du monde, assister à la coupe du monde 2010, en Afrique du Sud avec leurs potes, Luc Ricouard et Jérémy Salaun, les deux Moëlanais sont de sacrés ambianceurs de cette équipe. " On aime bien faire la fête! Notre coach, Eric Gaillard, a dû se demander qui étaient ses deux "huluberlus", quand on venait aux premiers entraînements, au lendemain de soirées festives. Le football est notre passion. On sait déconner mais nous savons aussi faire la part des choses, pour être compétitif à ce niveau", expliquent Fabien Marceul et Julien Le Gall.

La référence absolue face à Plouguerneau

Si nous ne les savions pas footballeurs, on se croirait presque en campagne municipale 2014, avec eux, tant chaque personne saluée, à Moëlan/Mer les connaissait tous par leurs prénoms. Avec de nombreuses allusions à leur parcours en coupe de France. " Nous avons grandi à Moëlan/Mer. On se connait tous dans la commune. Nous avons joué tant d'années pour ce club. Et nous finirons notre carrière. Notre meilleur souvenir? Encore la coupe de France quand nous avions éliminé au 6ème tour, Plouguerneau 9-5 (ap). C'était un match de folie! Nous les avions explosé en prolongations. Le tour suivant reste en travers car nous avions du aller jouer à Vannes (National) pour une défaite 7-0. J'ai tout connu dans ce club-là. J'ai fait toutes mes classes, de mes 6 ans à mes 23 ans. J'avais commencé à 16 ans, en équipe 1ère. Je jouais avec mes formateurs, comme Fred Jacob ou Yohan Caillibot", avoue Julien Le Gall, milieu de terrain.

Au FC Lorient de ses 13 à 18 ans, Fabien Marceul est revenu dans son club de coeur, avant de bifurquer la même année que son complice de toujours. " Julien avait fait part de sa décision de quitter le club, pour des raisons sportives, dès l'hiver 2008. J'ai hésité à partir. J'ai décidé vraiment au dernier moment des mutations. Nous sommes partis en même temps du club de Moëlan/Mer au FC Quimperlé. On ne le regrette pas. Nous vivons une aventure unique, en ce moment. Nous avons paradoxalement une meilleure équipe, cette année, même avec la relégation. Nous avions peut-être de meilleurs joueurs, l'an passé, cependant, sans former une équipe de cette qualité", précise Fabien Marceul.

Une bonne humeur contagieuse

Ces deux sont décidément indissociables! A Vignoc, Julien Le Gall, dont l'intelligence sur un terrain, est sans doute la plus aiguisée des joueurs Quimperlois, avait encore une fois, comme à la Montagne, été au bon timing de réception d'un centre, à la 109'. Tel un passage de témoin, Fabien Marceul avait pris le relais en le remplaçant numériquement sur le terrain. 109', 112', deux buts en trois minutes, qui mettaient définitivement Vignoc, à terre, et offraient une qualification historique au 32ème finale de France. " Sur le coup, je n'ai vraiment pas réalisé la portée de notre victoire. Ce fut un moment magique de notre vie. Du monde, partout! C'était de la folie! Nous avons été acclamés comme des héros, à notre retour sur Quimperlé. J'ai pris conscience de cette victoire quand j'ai vu notre président, Gwéna Pothier, sous les caméras d'Eurosport, au tirage des 32ème. Nous étions au côté de Lyon, de l'AS Monaco. D'un coup, on réalise!", avance Julien Le Gall.

Très attaché à leurs racines, Fabien Marceul et Julien Le Gall fêteront avec leurs ami(e)s d'enfance, le réveillon du 31 décembre. Pas question pour eux de revenir sur une parole. " Nous avions donné notre accord pour faire la soirée avec nos potes de Moëlan et de Clohars-Carnoët. Les joueurs du FC Quimperlé fêteront le réveillon ensemble. Le club a organisé une soirée interne. Nous ne pouvions pas car nous avions déjà donné notre parole. Ce match d'Ajaccio, forcément qu'on y pense. Nous avons une séance d'entraînement, le 1er janvier, à 10h30. Nous fêterons le réveillon, le 5 dimanche. Comme je travaille à la banque, je ne travaille pas le lundi. Il fallait juste penser à poser mon mardi (rires)", souligne Julien Le Gall.

Complices dans la vie, Fabien Marceul et Julien Le Gall vivent en ce moment, une aventure qui les marquera à vie. Et oui, les Moëlanais sont là! Et ils sont bien là, au coeur de cette aventure extraordinaire en coupe de France du FC Quimperlé! Pour le meilleur, et pour le rire! Une devise qui aime à partager et à transmettre dans une bonne humeur contagieuse.

Christophe Marchand  
" The show must go on". Avec les Moëlanais, Fabien Marceul et Julien Le Gall, ce principe n'est pas prêt de s'arrêter. Héros de la qualification en 32ème finale de la coupe de France, ils vivent à fond cette aventure sportive et humaine unique.  

 

 

Bruno De Quelen. Le marquis des anges

Série n°10. Le FC Quimperlé en 32ème finale de la coupe de France (1/5)  
Jeudi 26 décembre. La vie est un boomerang, qui vous rend toujours à la fin, ceux que vous avez semé! A 29 ans, le portier du FC Quimperlé, Bruno De Quelen est entré dans la légende du club, en détournant le pénalty décisif, à la 41', face à Vignoc, au 8ème tour. Sa revanche sur la vie s'est produite à ce moment-là. Il la tient! Et maintenant qu'il a entre les mains, il ne lâchera plus. Ayant perdu sa compagne, Angélique, en septembre 2011, il aurait pu perdre pied complètement dans les affres de la vie. Il n'a jamais renoncé à croire en son destin. Ce pénalty détourné est sa bouée de sauvetage. Sa famille, ses ami(e)s, et le football, ses brassières de sécurité, qui fait qu'un de nos meilleurs gardiens en Sud-Finistère est aujourd'hui pleinement récompensé de son acharnement et de sa passion.

Partout, où vous irez, vous trouverez toujours quelqu'un pour dire du bien de Bruno De Quelen. Il est une personne rare, qui trouve, à chaque fois, une approbation dans le jugement des autres. Discret, réservé, il n'est pas un homme de conflit. Gardien depuis ses dix ans, à l'US Fouesnant, le jeune homme de Pleuven s'est épanoui dans le football, à ce poste si particulier de gardien de but, qui présente peu de candidats, à la base de la pyramide, en école de football. " Au cours d'un match, à l'école de football, notre gardien s'était blessé. Je me suis proposé pour garder les buts. Et j'ai tellement aimé ce poste, que je n'ai jamais voulu retourner dans le champ. Deux ans, après, je jouais le Mondial Pupilles de Plomelin, et je m'en prenais huit face à l'Olympique de Marseille avec la sélection du pays Fouesnantais".

Son parcours est classique! US Fouesnant, Quimper Cornouaille en 19 ans, Fouesnant en senior, avant de se faire à nouveau remarquer par le Quimper Cornouaille, en 2009/2010. Trois ans passés entre apprentissage d'un niveau supérieur, entre joie et déception. " Je suis parti dégoûté de ce club! La dernière année s'est mal passée. Dès les premiers matchs, la concurrence se fait entre Nicolas Rannou, Sébastien Guirriec, et moi pour le poste de gardien en DH. Nous avons deux matchs pour convaincre, un à domicile et un à l'extérieur. Je reviens à peine de vacances, et je joue d'entrée. Face au FC Quimperlé, d'ailleurs. Je ne fais pas un mauvais match, mais je n'ai plus ma chance sur le prochain. J'ai demandé ma lettre de sortie, au mercato d'hiver. Tout était prévu pour que je signe au FC Rosporden en DRH. Sébastien Guirriec m'a sauvé deux fois, en un an. La première, en signant, à la Stella Maris de Douarnenez en décembre 2012, et la seconde, en donnant mon nom au club du FC Quimperlé. Je lui en suis vraiment gré aujourd'hui".

" Je faisais le trajet quotidiennement jusqu'à Brest pour aller à son chevet"

Outre ces faits sportifs, Bruno De Quelen est avant tout quelqu'un de très attachant, qui en confiance, se livre à coeur ouvert, sur sa trajectoire de vie. Toujours à la parade dans ses réponses vives et spontanées face à des questions parfois personnelles, il boxe repoussant au loin son passé. " J'ai vécu des moments particulièrement difficiles, que je ne souhaite à personne. Ma compagne, Angélique, est décédée, suite à une longue maladie de deux ans, en septembre 2011. Elle était hospitalisée à l'été 2011. Je faisais le trajet, quotidiennement, jusqu'à Brest, pour aller à son chevet, tous les soirs, après mon travail. Nous avions énormément de projets ensemble. C'est la vie! Il m'a fallu rebondir. Mon travail m'a aidé. Travailler toute la journée avec des petits, à Ergué-Gabéric a été une bouffée d'air immense car les enfants ne jugent pas! Ils sont francs et ne changent pas de comportement. Ils t'apprécient pour ce que tu es, et non pas pour ce que tu représentes! Ma famille, mes ami(e)s ont toujours été là. Et le football m'a sauvé en faisant ressortir toute ma rage intérieure".

Au Quimper Kerfeunteun FC, fusion entre le Quimper Cornouaille FC et l'ES Kerfeunteun, le 26 mai 2011, deux hommes ont beaucoup compté dans cette période vacillante et délicate. " Au cours de cette période, j'étais très sensible aux gestes et aux mots. Quelqu'un comme Sébastien Le Naour, notre coach en A, m'a énormément apporté. Il m'avait imposé comme gardien n°1 en l'annonçant devant tout le monde dans les vestiaires. Il était venu me féliciter personnellement, après un match face à l'US Concarneau B, gagné en réserve 0-1 où j'avais tout arrêté. Lahoua, notre coach en B, également, je me souviens qu'il était venu me trouver en pleurs, au sortir d'un match où j'avais été très bon".

Le FC Quimperlé, le bon choix

Surmonter le cap, jeter l'ancre vers de nouvelles destinations, Bruno De Quelen était en attente d'un nouveau challenge, en mai 2013. Son sac d'entraînement posé sur le bitume, à la croisée des chemins de sa carrière amateur, ce choix se devait d'être le bon, celui du vrai décollage. " A mon âge, à 29 ans, je ne pouvais pas me tromper. Je voulais du niveau. Je ne l'aurais pas trouvé à Rosporden. Sébastien Guirriec m'a téléphoné pour me dire que le FC Quimperlé m'aurait certainement appelé. Mon premier contact direct s'est fait avec Eric Gaillard, notre coach, à l'Original Café, le siège externe du club. Il m'a présenté son projet. Son discours m'a paru franc de suite. Je marche à la confiance. Quimperlé a toujours été une équipe qui joue bien au foot. La préparation a de suite été très intéressante. Nous avons couru, avec de parcours de fou sur Guidel-Plage. Il y'avait tout ce que je recherchais dans le football: de la "déconne" et du sérieux. A la fin, il y'avait toujours un pot entre nous, voir des barbecues".

Plus que conforté, après une demi-saison extraordinaire, suite à une qualification en 32ème finale de la coupe de France et une première place en DSE, Bruno De Quelen revient sur cet épisode marquant de son pénalty détourné. Pour lui, il n'a pas conscience que la roue a tourné dans le bon sens, à ce moment-là. Il s'est juste souvenu des paroles de son père. " Je ne veux pas répéter ce que mon père m'a toujours conseillé de faire au moment d'un pénalty mais ça marche à + de 80%. Quand je vois quel joueur de Vignoc, tirera le pénalty, je fonce vers Fabien Jaouanne pour lui faire part de mon choix final. Il m'a conforté dans ma décision. Heureusement, mais même sans ça, le destin me poussait à choisir ce côté. C'est pour ça qu'on me voit si désinvolte sur la vidéo, car je savais dans ma tête où j'allais plonger".

A quelques jours, d'un affrontement historique face à Mémo Ochoa, le gardien titulaire de la sélection Mexicaine et de l'AC Ajaccio, qui défiera en juin, la Selacão du Brésil sur ses terres, Bruno De Quelen mérite 1000 fois ce qu'il lui arrive, en ce moment. C'est son moment ainsi qu'à l'ensemble du groupe et du club Quimperlois. C'est leur moment! C'est le moment de toute une ville, une terre de football, qui portera à la moindre parade le gardien Quimperlois, ce 5 janvier 2014! Après ce pénalty décisif de Vignoc, il est paré pour sortir le match de sa vie, face à l'AC Ajaccio. Un ange au-dessus de sa tête, qui le rend plus fort, sur chaque étape de sa vie. Celle-là est incontestable. Les joueurs Corses devront être très forts pour faire trembler les filets de Jean-Charter.

Christophe Marchand 
A 29 ans, Bruno De Quelen tient sa revanche sur la vie. Il sera le 5 janvier 2014, le gardien de but du FC Quimperlé, face à l'AC Ajaccio, paré dans sa tête à sortir le gros match. Crédit photo: André Lancien  

 

 

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