Des séries de portraits

Sport addict

 
Magazine. Frères et soeurs: Amandine et Thibault Sinquin  
Mardi 8 avril. Le sport en héritage! Avec un père, Stéphane, ancien joueur à l'AS Rosporden et à l'Etoile de Rosporden et une mère, Corinne, basketteuse à bon niveau à Melgven et à l'US Concarneau, les enfants, Amandine et Thibault Sinquin pouvaient difficilement échapper à toute passion sportive. Etre passionné est une chose, atteindre un haut niveau en est une autre, même si la corrélation entre ces deux données est étroite. Avec en commun, un goût prononcé pour la compétition, Amandine, 24 ans et Thibault, 21 ans évoluent en handball et football à l'échelon le plus élevé dans le Sud-Finistère.

Mardi 21 janvier 2014, Thibault Sinquin a vécu une soirée inoubliable avec ses partenaires de l'US Concarneau face à l'En Avant de Guingamp en 16ème de coupe de France. Titulaire ce jour-là, au milieu de terrain, il a fait vibrer tout un stade bondé par 6200 spectateurs, à Guy-Piriou. Dans un coin de la tribune, nul doute que toute sa famille a forcément été émue et lui a transmis toutes ses pensées positives. " Ce fut une soirée extraordinaire. Ma plus belle depuis que j'ai commencé le foot à 5 ans au FC Rosporden. Ce sont des moments qui marquent à jamais. Même si nous passons tout proche d'une qualification historique en 8ème finale, je retiens l'atmosphère incroyable dans le stade, ce mardi soir".

L'année 2014 est décidément un crû exceptionnel pour la famille Sinquin car trois mois, presque jour pour jour, Amandine jouera avec ses coéquipières de l'entente Rosporden SYTEM (Prénationale féminine), un quart de finale de coupe de France face à Nancy, à Tremblay-en France, le 20 avril. " C'est sûr que c'est une année incroyable. Nous allons vivre un moment extraordinaire. Trois cars de supporters feront le déplacement en partant de Rosporden, à 4h30 du matin. Mes parents seront évidemment là. Thibault ne peut pas venir comme il a un match, ce week-end là. Déjà pour notre qualification en quart à Carquefou, je n'avais jamais vécu une telle joie sportive. Nous sautions de joie au coup de sifflet final face à Taulé avant de communier avec nos supporters, tous déguisés en rose et noir".

Liés dans la vie et sur les terrains!

Au caractère semblable, Amandine et Thibault Sinquin voue pour le sport une passion sans cesse renouvelée. " Dans la vie quotidienne, nous ne nous prenons pas la tête. Dans un match, notre côté compétiteur ressort car nous donnons le meilleur de nous-même. Nous sommes très proches avec mon frère et nous nous retrouvons tous les jeudis soir. C'est le seul soir de la semaine où nous ne sommes pas pris avec les entraînements. Nous avons en commun une hargne, un côté perfectionniste et une haine de la défaite", avoue Amandine Sinquin.

Proche dans la vie, Thibault Sinquin parle même de manque quand la compétition vient à son terme en mai. " L'été, on s'ennuie! C'est bizarre car un dimanche, tu ne sais pas quoi faire. Nous avons été tellement habitués à être réglé par notre match du week-end que forcément quand il y'a une coupure, ça fait tout drôle. Et quand nous n'avions pas de match, nous allions quand même assister à une rencontre aux bords des stades, le dimanche".

Dès leur plus jeune âge, ils ont multiplié dans le jardin familial, les parties de basket et de football. Le destin a voulu qu'ils vivent leurs deux plus gros moments jusqu'à présent de leur carrière sportive, lors de la même année. Avec trois mois de décalage, Amandine Sinquin, pivot à l'entente Rosporden SYTEM, peut tracer sa route jusqu'en finale de la coupe de France régionale. Quant à Thibault, il a pris place régulièrement dans le groupe de CFA de Nicolas Cloarec, cette année. " Je suis encore jeune. Je me sens très bien à Concarneau, où j'ai trouvé un équilibre. Je ne sais de quoi l'avenir sera fait. Une chose est sûre, il faut que nous ayons la mer à proximité pour nous sentir bien".

Cette présence à haut niveau dans deux des sports, les plus populaires en Finistère, est un cas presque unique! Amandine et Thibault Sinquin vivent à fond leur passion. La compétition chevillée au corps, ils sont très fusionnels et se soutiennent mutuellement. Leur premier réflexe étant souvent de se soucier du résultat de l'autre, après la fin de leurs matchs respectifs.

Christophe Marchand  
Amandine et Thibault Sinquin sont par leur même passion du sport, transmis par des parents également touchés par cette même addiction.  

 

Mich' Du. La légende du Stade Quimpérois

 
Football. Stade Quimpérois.Interview de Michel Kaham (Stade Quimpérois, 1974-1977, puis 1981-1982) 
Mardi 4 février. 1974-1977, 1981-1982, quatre années marquées sur le couloir droit, à Penvillers, par les déboulées d'un latéral d'exception, le Camerounais de Bafang, Michel Kaham. Le public de Penvillers avait fait de ce joueur, son chouchou, haranguant par des Mich' Du, toutes ces interceptions et montées rageuses. Le Stade Quimpérois brillait alors en D2. Un temps révolu depuis 25 ans. Toute une jeunesse, qui a grandi, sur Quimper dans les années 90 et 2000 n'a pas connu cet extraordinaire aventure du Stade Quimpérois, qui défendait fièrement les couleurs de la ville au plus haut niveau national. Directeur du centre de formation de la Kadji Sport Association, à Douala, Michel Kaham, 62 ans, a, par le biais de cette structure, formé les plus grands joueurs Camerounais de la dernière génération. Et il a été un des tout premiers à déceler l'énorme potentiel de Samuel Eto'o Fils, qui est aujourd'hui reconnnu parmi les cinq meilleurs joueurs de la planète football. Entretien avec la légende du Stade Quimpérois.  
1- Les supporters Quimpérois ne vous ont jamais oublié, et vous, Michel, avez-vous oublié Quimper?

" Non je ne suis pas prêt d'oublier les supporters de Quimper.Je garde de Quimper de très beaux souvenirs sportifs et humains. J’étais l'un des chouchous du stade de Penvillers et j'entends encore ce public scander Mich Du, Mich Du avec sympathie à chaque fois que j'entreprenais mes offensives... D'autre part, ma fille Patricia est née à Quimper le 15 Octobre 1981 alors que ce jour-là même, le Cameroun avec moi se qualifiait à Yaoundé pour la phase finale de la coupe du monde 82 en Espagne".

2- Quels souvenirs marquants conservez-vous de vos quatre années à Quimper?

" Quimper constituait pour moi, le baptême dans le football européen. Alors, cela a été pour moi une très bonne expérience en tout point de vue; perfectionnement technique et tactique avec les coachs Marcel Mao et Robert Devilder , et intégration dans le milieu sportif européen. Les derbys contre Concarneau , Penmarc'h, la réserve de FC Nantes en D3 mais aussi contre Lorient et Brest en D2 sont de très bons souvenirs.

Je me souviens aussi des aller et retour que je faisais entre Quimper et Brest pour suivre mes cours à l’université de Bretagne à Brest; mais aussi des sorties avec mes coéquipiers vers Bénodet et Fouesnant, les soirs de victoire. Pour finir, j'adore les crêpes et les fruits de mer...depuis mon passage à Quimper".  
3- Après votre saison au Canon de Yaoundé en 1973/1974, comment avez-vous atterri à Quimper? Avec Marcel Mao?

" En 1974, lorsque je décide de partir pour la France, je connaissais un ami camerounais à Rennes, Lea Charles,footballeur professionnel. A mon arrivée à Rennes, qui possédait déjà son quota de joueurs étrangers, Lea Charles me présente au coach du Stade Rennais, Réné Cedolin qui me recommande à Marcel Mao,entraîneur à Quimper. La suite ira très vite ;au bout de 3 séances d'entraînement avec le Stade Quimpérois, je signe un contrat avec le Président Charles Le Bihan et le vice-Président Bevout Yves".

4- Vous avez joué la coupe du monde 1982 en Espagne et vous étiez dans l'encadrement des Lions en 1990 en Italie. Quelles sont les chances du Cameroun en 2014 au Brésil? Poule difficile et ouverte avec le Brésil, le Mexique et la Croatie?

" Le Cameroun a une chance pour accrocher la 2éme place dans sa poule. Le Brésil est le favori logique mais dans un bon jour et avec une bonne préparation, nous avons nos chances réelles face au Mexique et la Croatie.L'ossature de notre équipe joue dans les grands clubs européens... Le capitaine Eto'o, Nkoulou ,Chedjou ,Nguemo, Mbia Stephane, Song, Aboubacar etc... ont une valeur reconnue...Tout dépendra de notre sérénité et du mental..."  
5- Qu'est ce qui vous a poussé à prendre la direction de la Kadji Sport Academy?

" Apres la coupe du monde 1982, j'avais reçu une offre pour jouer dans le championnat américain avec le concours de mon coéquipier Tokoto Jean Pierre qui y jouait déja.J'ai joué pendant 6 ans aux USA à Cleveland Forces et Kansas City Comets. Parallèlement, j'y ai passé mes diplômes d’entraîneurs de football jusqu'à la Licence A. En 1988, je rentre au Cameroun et intègre l'encadrement technique; je dirige une équipe de première division ,le Diamant de Yaoundé et ensuite l'Olympic de Mvolyé puis Unisport de Bafang.
Entre temps ,je suis désigné entraîneur national adjoint lors de la coupe du monde 1990 en Italie. En 1994 , je rencontre un industriel , monsieur Kadji Gilbert qui m'invite à l'accompagner dans son projet de centre de formation, la KSA. Parrainé par Le Havre FC, nous ouvrons ce grand centre qui aujourd'hui fait la fierté du Cameroun"

6- Est-ce une fierté d'avoir formé par le biais de l'académie les plus grands joueurs Camerounais actuels (Samuel Eto'o, Nicolas N'Koulou, Aurélien Chedjou, Stéphane M'Bia)?

" On ne peut qu' être fier d'un tel accomplissement; les anciens de la KSA constituent aujourd'hui l'ossature de notre équipe nationale : Eto'o, Nkoulou, Chedjou,Mbia Stephane,Kameni Carlos, Makoun Jean2, Moukandjo ,ça fait rêver..."

7- Gardez-vous contact avec tous ces joueurs, une fois qu'ils ont quitté la KSA?

" Nous gardons le contact avec tous ses jeunes malgré leur programme surchargé.Je les rencontre régulièrement lors des regroupements de notre équipe nationale;ils sont restés très respectueux et nous ne cessons de les encourager à faire toujours honneur à leur réputation"

8- Samuel Eto'o était-il dès l'adolescence au-dessus du lot?

" J'ai découvert Samuel Eto'o dans mes multiples détections que la KSA organisait a la recherche de jeunes talents.. Je me souviens du match ou j'ai remarqué Samuel Eto'o. Je fus tout de suite frappé par son sens du but inné, sa rapidité, sa finesse et son adresse hors du commun; la suite a tout confirmé.En effet,tout jeune ,il était déjà au-dessus du lot..."

9- Comment voyez-vous de loin la situation difficile du football à Quimper avec la disparition du stade Quimperois et une équipe fanion aujourd'hui en 7ème division Française?

" C'est pénible de constater la disparition du Stade Quimpérois qui jadis rivalisait avec les Brestois...ce qui créait une certaine rivalité et même un rapprochement entre le Finistère-Sud et le Finistère-Nord. Je pense que le football reste un vecteur de publicité pour une ville et j’espère qu'un jour cette envie-là reviendra dans la cité de Quimper...C'est mon souhait."

10- Gardez-vous des contacts avec vos anciens coéquipiers Quimpérois?

" Pas vraiment, ils sont un peu dispersés aujourd’hui. J'avais rencontré Morvan puis Jacques Riou dont la maman tenait une bonne crêperie...quant aux Delabarre, Bechennec, Loheac et autres,je me demande ce qu'ils sont devenus. Cependant,J'ai retrouvé plusieurs fois, Jean-Noël Dusé et Serge Le Dizet qui sont devenus des entraîneurs reconnus .

11- Est-ce q'une équipe Africaine gagnera un jour la coupe du monde?

" Une équipe africaine ,vainqueur d'une coupe du monde, ce n'est pas pour demain. Le fossé sur le plan de l'organisation , sur le plan des infrastructures, sur le plan de l'encadrement et de la formation des joueurs, sur le plan économique; tous ces retards font que l'Afrique aura du mal à conquérir ce titre mondial que convoite jalousement toutes les grandes nations. Et en plus, les meilleurs joueurs africains n'hésitent plus à changer de nationalité pour s'assurer de meilleures conditions de vie. Mais qui sait, sur un coup, comme le Cameroun en 1990 ou le Sénégal, plus tard et le Ghana d'aujourd'hui l'Afrique peut surprendre...En foot,c'est permis de rêver".  
PS: Je voudrais terminer en transmettant toutes mes amitiés aux Quimperois. Aujourd’hui, je suis membre du comité de normalisation désigné par la FIFA pour réorganiser le football camerounais, réviser les statuts et organiser de nouvelles élections. Je n'ai pas oublié les très bons moments passés à Quimper. J'y reviens toujours avec plaisir. A la prochaine et merci! Kenavo! 
REMERCIEMENTS :

Propos recueillis par Christophe Marchand avec un grand merci à Jean-Michel Landrein, véritable encyclopédie du Stade Quimpérois, sans qui cet article avec les photos de l'époque n'aurait pu se faire.  

 

 

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